Le muscle squelettique, organe central de la santé métabolique et fonctionnelle, est particulièrement sensible à l'hypoactivité physique, « fléau silencieux » du XXIe siècle reconnu comme un enjeu mondial de santé publique. Ces dernières années, un nouvel axe inter-organe entre microbiote intestinal et muscle squelettique a émergé, soulevant de nombreuses questions quant aux effets de l'hypoactivité et plus largement, à la santé de l'hôte.
Depuis plus d'une décennie, notre laboratoire avec le soutien du CNES contribue activement à ce champ de recherche en explorant les liens entre composition microbienne, fonction musculaire et contexte d'activité physique, à travers une approche intégrative combinant divers phénotypes musculaires, écologie microbienne et approche nutritionnelle.
Quels sont les effets de l'hypoactivité sur le microbiote intestinal ? Un écosystème intestinal en déséquilibre contribue-t-il à la perte de fonction musculaire ? Existe-t-il une signature microbienne associée à un phénotype musculaire donné ? Le microbiote agit-il comme médiateur, voire amplificateur, des effets délétères de l'inactivité sur le muscle ? En d'autres termes, observe-t-on une plasticité bactérienne suggérant l'existence de microbiotes "protecteurs" ou "vulnérables" selon le contexte. Et peut-on, par des approches ciblées (symbiotiques, postbiotiques), préserver ou restaurer la fonction musculaire via la modulation de l'écosystème intestinal ?
Cette conférence proposera des éléments de réponses à ces questions en dressant un état des lieux actualisé des connaissances et en partageant les résultats les plus récents de notre équipe sur l'axe microbiote-muscle. L'intérêt croissant de la communauté scientifique et des industriels pour le ciblage du microbiote comme levier d'action contre les effets de l'hypoactivité — qu'ils soient liés au vieillissement, à la maladie ou à des environnements extrêmes, tels que la microgravité — est certain. Dans ce cadre, l'alliance entre nutrition « microbiotique » et réadaptation physique émerge comme une stratégie à la fois préventive et/ou curative.
PDF version